The green lights have now faded
Lou Fauroux
June 4 – July 13, 2024
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
Cut and run, 2024
Soundtrack :
(to whom it may concern,) they self-destructed me
PVC, resin, metal, spray paint, water
77 x 30 x 22 cm
Inquire
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
Forever is not so long, 2024
Soundtrack :
told you i’d be here forever
PVC, resin, metal, spray paint
67 x 37 x 28 cm
Inquire
Lou Fauroux,
Forever is not so long, 2024
Soundtrack :
told you i’d be here forever
PVC, resin, metal, spray paint
67 x 37 x 28 cm
Inquire
Lou Fauroux,
Why’d you leave the keys upon the table, 2024
Soundtrack :
i cry when angels deserve to die
PVC, resin, metal, spray paint
50 x 47 x 15 cm
Inquire
Lou Fauroux,
Why’d you leave the keys upon the table, 2024
Soundtrack :
i cry when angels deserve to die
PVC, resin, metal, spray paint
50 x 47 x 15 cm
Inquire
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
That’s why i need you to hear, 2024
Soundtrack :
there’s things i wish never happened
PVC, resin, metal, spray paint
90 x 50 x 44 cm
Inquire
Lou Fauroux,
That’s why i need you to hear, 2024
Soundtrack :
there’s things i wish never happened
PVC, resin, metal, spray paint
90 x 50 x 44 cm
Inquire
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
To whom it may concern, there will be tears in my Hennessy, 2024
3D rendered animation, HD video, stereo sound
30'
Inquire
Lou Fauroux,
To whom it may concern, there will be tears in my Hennessy, 2024
3D rendered animation, HD video, stereo sound
30'
Inquire
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
I really want to know where you at, 2024
Soundtrack :
to put a butterfly in a box
PVC, resin, metal, spray paint
110 x 42 x 28 cm
Inquire
The green lights have now faded, 2024
Exo Exo, Paris
Lou Fauroux,
I cry when angels deserve to die, #001 (The muted fountain), 2023
Resin, marble, waste, metal
115 x 46 x 46 cm
Inquire
Lou Fauroux,
I cry when angels deserve to die, #001 (The muted fountain), 2023
Resin, marble, waste, metal
115 x 46 x 46 cm
Inquire
Sound pieces :
1. (to whom it may concern) they self-destructed me
2. why’d you leave the keys upon the table / i cry when angels deserve to die
3. i’ve been all around the world
4. to put a butterfly in a box
5. the raven replaces the rooster’s crow
6. forever is not so long / told you i’ll be here forever
7. soon , your face will fade away
8. and so, i have to say before you go
9. back to the future, if we cross paths
10. (you are my sunshine)
11. sometimes i want to call you, but i know you won’t be there
Soundcloud
*English below*
L’air est chaud, sec, comme à deux doigts de la combustion spontanée. Dans les cieux ocres flottent en apesanteur des vitraux gothiques et
des enseignes lumineuses, qui croisent sur leur chemin des ossements de dragons et des caveaux néo-classiques mais aussi des bornes de
pass Navigo et des distributeurs de canettes. Las Venturas ou Métro Front Populaire : ici, tout est un décor pulvérulent, à mi-chemin entre
Grand Theft Auto et le désert fossile du réel. Ce paysage crépusculaire est celui d’un palais intérieur nommé mémoire. Aujourd’hui, l’étoffe
du temps est tissée de référents culturels partagés, propres à une culture globale se prêtant aux remix et aux édits. Les clips MTV, les films des
UGC, les franchises de jeux vidéo et le décorum brandé périurbain : voilà les matériaux des bâtisseur·euses de cathédrales 3D et de cryptes
générées.
La première exposition solo de Lou Fauroux à la galerie Exo Exo est dédiée à la soeur aînée de l’artiste, Cécile Fauroux, disparue récemment.
À partir de références qu’elles ont partagées en grandissant, l’artiste enclenche une réflexion sur le souvenir, le deuil, les univers fictionnels
et la puissance palliative de l’acte de création. Plus spécifiquement, “The green lights have now faded”[1] reflète la périodicité propre à une
artiste née en 1998, soit l’année de la création de Google et de ladite « Urgence 2000 ». La mémoire, ses architectures mystiques, ses objets
transitionnels et ses rituels conjuratoires, possède une histoire spécifique aux technologies numériques. Cet aspect-là est même un enjeu
ontologique majeur, ainsi qu’en avait eu l’intuition le philosophe Bernard Stiegler : « Nous annoncions que le XXIe siècle serait celui de la
mémoire et de son exploitation par des moyens technologiques et industriels, mais aussi des menaces qu’il pouvait y avoir à la réduire à de
l’information ».[2]
Nous y voilà et Lou Fauroux ne réduit rien. Tout au contraire, elle démultiplie les médiums, diffracte les systèmes perceptifs. À la galerie Exo
Exo, une vidéo centrale en animation 3D dialogue avec un ensemble de sculptures. Une fontaine emprisonne divers fragments dans son eau
transie, tandis qu’au mur ou en suspension, des organes automobiles, un phare ou des tuyauteries calcinées, recomposent des objets rituels
dont chacun est augmentée d’un morceau spécifique.[3] To whom it may concern, there will be tears in my Hennessy (2024), le titre de la vidéo,
est une balade dans les espaces où l’artiste imagine que sa soeur aurait pu se plaire, certains d’entre eux incrustés des dessins de la défunte.
Dans un précédent volet de sa pratique, Lou Fauroux abordait déjà les espaces commémoratifs virtuels. Avec le court-métrage de sciencefiction
WhatRemains, Genesis (2023), l’artiste nous projetait en 2048 sur une terre écorchée, où une poignée d’ultra-riches s’uploadaient sur
le Cloud tandis que la place venait à manquer aux 99% restant des terrien·nes pour enterrer leur défunt·es.
L’artiste traduit ici une préoccupation partagée plutôt qu’un fantasme de fiction : comment garder une trace tout en faisant une place au
temps qui passe ? Comment donner corps à la poussière, à la rouille ou à la suie d’une bougie presque déjà consumée, tout en le faisant depuis
cet espace virtuel qu’on nous dit sans gravité ? Dans les espaces éternels sans ombres, comment faire une place aux ailes des papillons qui se
flétrissent ? « Il n’y a pas de date de péremption dans l’espace digital »[4], se désolait déjà un artiste il y a une petite décennie. La question est
insolvable et précisément en cela, elle remet en jeu l’invention. Le « digital mourning »[5] ne fait pas tout et figer les données dans le cybermarbre
n’est qu’un solutionnisme de surface.
La tonalité sableuse de la vidéo marque combien la manière dont nous nous projetons dans l’espace digital a évolué. La liquidité moirée du
cyberespace des 90s est loin, elle s’est depuis tarie et ses océans infinis se sont asséchés. Lou Fauroux appartient à la génération qui réinvente
ses espace-temps sans croire aux mirages d’éternité, sans non plus se résoudre à balbutier le réel blafard qui est là, juste là, obtusément là.
Auparavant, les dualismes étaient maîtres : transhumanisme vs. Luddisme, team Ray Kurzweil contre team Viktor Mayer-Schonberger.[6]
Avec “The green lights have now faded”, Lou Fauroux recâble les époques du Web pour mieux recréer une mémoire fragile de l’intérieur
même d’une époque augmentée. Dans les univers 3D de Lou Fauroux, les papillons meurent aussi.
– Ingrid Luquet-Gad
[1] Le titre est issu d’un poème de Cécile Fauroux.
[2] Bernard Stiegler, à propos de « Mémoires du futur, bibliothèques et technologies », l’exposition dont il fut commissaire d’Octobre 1987 à Janvier 1988 au Centre Pompidou à
Paris. Entretien avec Loïc Mangin, dossier « Les mutations de notre mémoire », Pour la Science n°102, Février-Mars 2019.
[3] Les quatorze pistes sont rassemblées au sein de l’EP « I Heard God Crying » sur FÆRIES RECORDS, le label créé par l’artiste et la DJ Jennifer Cardini.
[4] « There is no old in the digital ». Ed Atkins, « Old Food », Septembre 2017-Janvier 2018, Martin Gropius Bau, Berlin.
[5] En 2019, une étude de l’Oxford Internet Institute (OII), prédisait que le nombre de profils Facebook de défunt·es allait dépasser celui des vivant·es.
[6] Le futurologue Ray Kurzweil est l’un des principaux instigateurs du transhumanisme. Voir notamment : Humanité 2.0, la Bible du changement, 2007. Le chercheur Viktor
Mayer-Schonberger a été l’un des premiers défendre les vertus de l’oubli à l’ère numérique. Voir : Delete. The Virtue of Forgetting in the Digital Age, 2011.
*
The air is hot, dry, on the verge of spontaneous combustion. In the ochre skies, gothic stained glass windows and neon signs float weightlessly,
intersecting with dragon bones and neoclassical crypts, as well as Navigo pass and soda vending machines. Las Venturas or Métro Front
Populaire: here, everything is a dusty scenery, halfway between Grand Theft Auto and the fossil desert of reality. This twilight landscape is
an inner palace named memory. Today, the fabric of time is woven with shared cultural references, specific to a global culture that lends itself
to remixes and edits. MTV clips, UGC films, video game franchises, and branded peri-urban decor: these are the materials of the builders
of 3D cathedrals and generated crypts.
Lou Fauroux’s first solo exhibition at Exo Exo is dedicated to the artist’s elder sister, Cécile Fauroux, who recently passed away. Drawing on
references they shared growing up, the artist initiates a reflection on memory, mourning, fictional universes, and the palliative power of the
act of creation. More specifically, «The green lights have now faded»[1] reflects the periodicity specific to an artist born in 1998, the year of
Google’s creation and the so-called «Urgence 2000.» Memory, its mystical architectures, its transitional objects, and its conjuratory rituals
have a history specific to digital technologies. This aspect is even a major ontological issue, as philosopher Bernard Stiegler had intuited: «We
announced that the 21st century would be that of memory and its exploitation by technological and industrial means, but also of the threats
that could reduce it to mere information.»[2]
Here we are, and Lou Fauroux reduces nothing. On the contrary, she multiplies mediums and diffracts perceptual systems. At the Exo Exo
gallery, a central 3D animation video dialogues with a set of sculptures. A fountain traps various fragments in its transfixing water, while on
the wall or suspended, automotive organs, a headlight, or charred pipes recompose ritual objects, each augmented with a specific piece.[3] To
whom it may concern, there will be tears in my Hennessy (2024), the title of the video, is a journey through spaces where the artist imagines
her sister might have enjoyed, some of them embedded with the deceased’s drawings. In a previous part of her practice, Lou Fauroux was
already addressing virtual commemorative spaces. With the sci-fi short film WhatRemains, Genesis (2023), the artist projected us to 2048
on a scarred earth, where a handful of ultra-rich uploaded themselves to the Cloud while there was not enough space left for the remaining
99% of humans to bury their dead.
The artist here conveys a shared concern rather than a fictional fantasy: how to keep a trace while making room for the passing time? How
to give form to dust, rust, or the soot of an almost already burnt candle, all from this virtual space said to be without gravity? In the eternal
spaces without shadows, how to make room for butterfly wings that wither? «There is no expiration date in digital space,» [4] lamented an
artist a decade ago. The question is insoluble and precisely for this reason, it reintroduces invention. “Digital mourning” [5] is not everything,
and freezing data in cyber-marble is only a superficial solutionism.
The sandy tone of the video marks how our projection into digital space has evolved. The shimmering liquidity of 90s cyberspace is long
gone, it has since dried up, and its infinite oceans have desiccated. Lou Fauroux belongs to the generation that reinvents its space-times
without believing in the mirages of eternity, nor resigning to stammer the pallid reality that is there, just there, obstinately there. Previously,
dualisms were master: transhumanism vs. Luddism, team Ray Kurzweil against team Viktor Mayer-Schonberger.[6] With «The green lights
have now faded,» Lou Fauroux rewires the epochs of the Web to better recreate a fragile memory from within an augmented era. In Lou
Fauroux’s 3D universes, butterflies also die.
– Ingrid Luquet-Gad, translation Exo Exo
[1] The title comes from a poem by Cécile Fauroux.
[2] Bernard Stiegler, regarding “Mémoires du futur, bibliothèques et technologies,” the exhibition he curated from October 1987 to January 1988 at the Centre Pompidou in Paris.
Interview with Loïc Mangin, dossier “Les mutations de notre mémoire,” Pour la Science No. 102, February-March 2019.
[3] The fourteen tracks are collected in the EP “I Heard God Crying” on FÆRIES RECORDS, the label created by the artist and DJ Jennifer Cardini.
[4] “There is no old in the digital.” Ed Atkins, “Old Food,” September 2017-January 2018, Martin Gropius Bau, Berlin.
[5] In 2019, a study by the Oxford Internet Institute (OII) predicted that the number of deceased profiles on Facebook would surpass that of the living.
[6] Futurist Ray Kurzweil is one of the main proponents of transhumanism. See notably: The Singularity Is Near: When Humans Transcend Biology, 2005. Researcher Viktor
Mayer-Schonberger was one of the first to advocate for the virtues of forgetting in the digital age. See: Delete: The Virtue of Forgetting in the Digital Age, 2011.